UPEP MÉLINA
A La Réunion, environ 50% de la population est alimentée par des eaux de surface pouvant présenter des dégradations de qualité à certains moments de l’année. Ce constat a conduit les services de l’État a élaboré un plan d’actions en faveur de l’Ile destiné à rattraper le retard en matière d’infrastructures de potabilisation des eaux superficielles.
L’objectif est le suivant : une eau de qualité au robinet 100 % du temps.
Le projet de création de l’usine de Production d’Eau Potable (UPEP) Mélina sur la commune des Avirons s’inscrit dans ce plan d’actions en faveur de l’amélioration de la qualité de l’eau de consommation humaine initié par les services de l’État en 2016.
Majoritairement alimentée par des eaux de surface issues de captages superficiels, l’alimentation en eau de la commune des Avirons restait jusqu’à présent soumise à des dégradations de qualité liées aux aléas climatiques.
Un projet nécessaire
L’ambition de ce projet était de potabiliser la totalité des ressources en eau des Avirons tant sur sa partie haute que sur sa partie basse. En effet :
- Sur la partie haute de la commune, les usines de production d’eau potable Cyprès et plus récemment Cadet, mise en service en 2018, potabilisent l’eau en provenance des captages avant distribution.
- Sur la partie basse, les ressources existantes, à savoir l’eau du Bras de Cilaos, le captage du Ruisseau et le forage du Brûlé n’étaient jusqu’à présent pas potabilisées.
L’UPEP Mélina permet à 80% de la population du territoire communal de bénéficier d’une meilleure alimentation en eau.
Les travaux
Démarrés en avril 2021, les travaux se sont articulés en 3 phases :
- Construction de l’usine
- Réorganisation des réseaux de distribution :
- Pose de 4 km de canalisation permettant l’acheminement de l’eau de la ravine du Ruisseau vers l’UPEP,
- Mise en place d’une conduite de refoulement de l’eau traitée par l’UPEP vers les réservoirs Banane et Piton Rouge
- Réhabilitation du captage du Ruisseau
- Installation d’une turbine hydroélectrique pour l’eau du captage Ruisseau
L’UPEP Mélina a la capacité de produire 4 000 m3 d’eau traitée par jour permettant ainsi de garantir à plus de 80% des abonnés de la commune, soit 9 100 habitants une meilleure alimentation en eau.
La filière de traitement
Au regard des caractéristiques des eaux à traiter, la filière de traitement retenue en concertation avec l’Agence Régionale de Santé est une filière de coagulation-floculation-décantation, filtration sur sable, désinfection UV et chloration, représentée sur le schéma ci-dessous :
L’exploitation
L’UPEP de Mélina est exploitée par le fermier CISE au titre de son contrat d’affermage.
Avec ces trois usines de production d’eau potable, la commune des Avirons est la première commune de la CIVIS à délivrer à 100 % de sa population une eau de qualité microbiologique maitrisée.
Un engagement environnemental affiché/affirmé/fort
En amont de cette usine, et en conformité avec ses engagements en matière d’environnement, la CIVIS va lancer des travaux pour la pose d’un équipement de turbinage de l’eau du captage Ruisseau permettant de produire de l’électricité. Ces travaux devraient démarrer en 2024 et permettront de produire 190 MWh/an soit l’équivalent de la consommation annuelle de 130 habitants ou 53 foyers (données SPL Horizons 2019), électricité qui sera autoconsommée sur le site.
Dans le cadre de sa politique de développement durable et sa participation au plan « 1 million d’arbres pour La Réunion » initié par le Département, la CIVIS a également réalisé une mini forêt composée d’espèces endémiques/indigènes sur une partie de la parcelle qui accueille l’UPEP.
Le financement
Participation | ||
Union Européenne | 3 082 389,85 € HT. | |
Etat (BOP 123) | 560 434,52 € HT. | |
CIVIS | 2 497 878,75 € HT. | |
Commune des Avirons | 166 142,56 € HT. |
Prises de vues
Un hommage à Mélina
La dénomination de l’UPEP ne s’est pas faite par hasard. La commune des Avirons et la CIVIS ont souhaité rendre hommage à l’une des dernières femmes nées esclave sur la commune.
Août 1790, à Saint-Louis le curé Jean Lafosse est élu maire. Cette année-là, dans le quartier des Avirons voit le jour une certaine Célérine Mescenes, fille naturelle de Véronique elle-même, fille naturelle de Gertrude. Ces trois générations de femmes ont vécu l’esclavage.
Quelques années avant, vers 1715, le café Moka fait entrer Bourbon dans la grande aventure de la prospérité économique. Nouvelle richesse de l’île, le développement de cette ressource s’accompagne d’un fort courant d’importation d’esclaves venus principalement d’Afrique et de Madagascar. Gertrude doit être probablement une Créole, née de parents déportés de ces pays. Elle voit le jour dans une de ces nombreuses plantations caféières du sud de l’île, dans ce vaste quartier de Saint-Étienne, qui partait autrefois de la Ravine des Avirons à la Rivière d’Abord.
Célérine, à l’âge d’environ 25 ans donnera naissance à son premier enfant Mélina. Cette dernière, s’est mariée le 20 mars 1851 à Auguste Baronce, né vers 1818. Ce couple aura sept enfants nés entre 1840 et 1858. Auguste décède le 21 juillet 1874 aux Avirons. Sa veuve résidera dans une paillote au lieu-dit Pont Banane au pied du Piton Rouge. Beaucoup d’Avironnais de l’époque sur leur chemin s’arrêtaient pour prendre le café chez la vielle Mélina.
À sa mort le lundi 21 décembre 1903 à l’âge d’environ 87 ans, les habitants ont baptisé le chemin de charrette qui mène à sa case : «Chemin Mélina» en souvenirs de l’une des dernières femmes nées esclaves sur Les Avirons.